Asli Erdogan, née en 1967, est une romancière turque et militante des Droits de l'Homme arrêtée en août 2016 à la suite du putsch manqué contre le Président turc Recep Tayyip Erdogan. Incarcérée dans la prison des femmes de Bakirköy (district d'Istanbul), sa santé fragile - elle souffre de diabète et d'asthme - risque de se dégrader rapidement au vu des dures conditions de détentions.
Plusieurs articles de presse lui ont été consacrés, ainsi qu'à l'alarmante vague d'arrestations menées en Turquie contre les journalistes, intellectuels, minorités et opposants au pouvoir d'Erdogan (même nom, mais aucun lien de parenté avec la romancière).
En voici une brève sélection :
- Le Monde du 23/11/16 explique son maintien en détention malgré la première annonce d'une libération (ici). Au cœur de l'article on trouvera des liens pour contextualiser la situation turque depuis le putsch de juillet 2016.
- L'éditeur de la romancière (Actes Sud) chez qui on trouvera Le Bâtiment de pierre (2013) co-organise une soirée de soutien à la Maison de la poésie à Paris (3e) le lundi 12 décembre à 20h (ici)
Les
éditions Actes Sud ont annoncé la publication, le 4 janvier prochain,
d'un recueil rassemblant les vingt-neuf textes d'Asli Erdogan, parus au cours des dix dernières années dans le journal turco-kurde Ozgür Gündem.Son titre? Même le silence n'est plus à toi.
On y trouve notamment les cinq chroniques qui valent à Asli Erdogan
d'être incarcérée depuis trois mois à la prison pour femmes Barkirköy, à
Istanbul.
- Sur France Culture, une courte émission de 10 mn (Les enjeux internationaux de Thierry Garcin) et des liens pour comprendre la situation politique en Turquie (ici).
- le lien vers la pétition pour exiger la libération de la romancière (ici)
- Lundi 13/12 sur France Inter, Léa Salamé a reçu l'éditeur d'Asli Erdogan, Timour Muhidine, qui a pu donner quelques précisions sur la situation présente et à venir de la romancière (ici).
Enfin, un fugace poème, qui n'apporte rien de plus que ce qui existe déjà, mais qui rejoint une belle phrase de Didier Daeninckx lue récemment : "ne pas être complice du silence". (Pour les amateurs, le bimensuel TDC n°1015 du 1er mai 2011 sur L'engagement littéraire).
Asli,
Quelle était la dernière
fois
Où les vers d’un poète
amateur
Alchimiste d’une semaine
sans dimanche
Ont ouvert les prisons d’un
dictateur ?
Plume calcaire, impuissante
écriture
Virgules vulgaires chimères
Griffes inoffensives d’une
antique créature
Comment de rebelles sonnets
Pourraient-ils demain
desserrer
Les mâchoires grises de ton
bâtiment de pierre ?
Les mots ne servent à rien
Nous sifflent d’athéistes
vents d’Est
Les rimes et les
alexandrins
N’ont jamais vaincu la
peste.
Asli, il faut croire que
ton président
Vêtu de ton nom tâché de
sang
Connait mieux que les
sceptiques
La menace d’une révolte
poétique.
Enfermée pour organisation
terroriste
Romans, articles
contestataires
Droits des minorités,
refusant de te taire
La pieuvre a vite remonté
ta piste.
Ta prison aux couloirs
faméliques
Où coule ta fatigue
diabétique
Loin d’un occident sans
vision politique
Se rit des ruines
démocratiques.
Pourtant Asli, ici on parle
de toi
Tes livres nous apportent
ta voix
Tu marches dans chacun de
nos pas
Des étudiants s’emparent
de tes combats.
Asli, nous ne renoncerons
pas
A t’envoyer de tremblants
poèmes
Réchauffer tes matins blêmes
D’un chapelet de couplets
maladroits.
Ils rejoindront le fleuve
impétueux
Des pétitions de toile,
Veillées d’armes sans
voiles
Venues bien avant eux
Couvrir le bruit des bottes
et des balles.
Raphaël
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire