lundi 26 octobre 2015

Le Théâtre - vendredi 2 octobre 2015


Le Théâtre

 compte rendu fait par Geneviève

Relecture et publication: Raphaël, Stéphane et Delphine.



Le thème de cette soirée était « Le théâtre » avec en question subsidiaire  « Faut-il lire le théâtre ? ».
Nous avions pour mission de lire – en entier, si, si ! :
« Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand.

« C'est un roc ! . .. c'est un pic ! . . . c'est un cap ! »
Je  vous l’annonce tout de suite : inutile de le lire en entier, la fameuse tirade sur le nez se situe au tout début de la pièce ! Quelle déception ! Nous avons été plusieurs à trouver ce fait étrange alors qu’il est dans le texte, à bien d’autres endroits, des mots tout aussi percutants. Nous nous sommes demandés pourquoi cette tirade est si célèbre sans trouver de réponse satisfaisante…
La suite de la conversation m’a appris que Monsieur de Bergerac était un être bien réel, contemporain de Molière. Ce qui explique cette référence au fait que Molière aurait repris une scène complète écrite par Cyrano pour « Les Fourberies de Scapin ».
On remarque d’ailleurs que l’auteur, Edmond Rostand, a ainsi glissé plusieurs « clins d’œil » dans ses scènes : nous retrouvons donc D’Artagnan, le fameux mousquetaire ainsi que Don Quichotte, le fameux chevalier qui oublie que les moulins ont des bras. Stéphane nous signale également qu’il reprend les textes de Cyrano, son héros lorsqu’il fait allusion à la chute du héros depuis la lune pour arriver aux pieds du Comte de Guiche.
Mais Cyrano, qui est-il ? Quel type de héros Edmond Rostand nous a-t-il fait rencontrer ?
A l’unanimité, Cyrano de Bergerac est le type même du héros maudit : il s’attache à l’excellence et peu lui importe les honneurs. Son talent pour la belle langue pourrait lui donner du pouvoir dans sa société mais il refuse de se laisser tenter pour conserver son intégrité. Ce qui nous amène à deux réflexions : il veut tout maîtriser donc il ne laisse pas ses textes à d’autres et il ne s’attache pas à l’aspect matériel pour ne pas oublier qui il est. En s’attachant aux choses, on oublie ce qu’est le vrai don.
Il montre également un certain esprit du genre, reléguant les femmes au rôle de muse et les renvoyant dès lors qu’elles feraient preuve d’esprit critique : « Inspirez nous des vers mais ne les jugez pas » dans le premier acte. A moins que ce ne soit l’état d’esprit de l’époque qui eut voulu cette réplique : Aymé nous fait remarquer qu’un sondage réalisé auprès des spectateurs de l’époque proposait ainsi aux femmes de choisir le héros qu’elles avaient préféré quand il demandait aux hommes de choisir le héros qu’ils auraient voulu être…
Evidemment, tout cela ne nous a pas laissé(e)s indifférent(e)s et je vous donnerai juste une indication sur les légers détours : « Pierre Bourdieu avait-il une famille ? »  « Ou payait-il du petit personnel ? » …
Nous avons tout de même relevé que Roxane est l’héroïne à part entière de cette pièce et qu’elle prend toute sa place au siège d’Arras, montrant une jeune femme déterminée et pas seulement une précieuse. Un débat s’engage tout de même de savoir si elle aurait pu réellement aimer Cyrano ? Etait-ce un sentiment vrai ou une illusion ? Celui qu’elle aimait était-il un être irréel composé des deux hommes, Christian le beau et Cyrano le talentueux ou n’était-ce que l’intelligence de Cyrano qui l’attirait ? Peut-on aimer quelqu’un sans apprécier son apparence physique ? Les avis sont assez partagés…

La première étape du décryptage de l’œuvre étant passée, Raphaël a lancé l’offensive avec notre question subsidiaire :
« Faut-il lire du théâtre ? »
Une première réaction est que la mise en place des différentes scènes est plutôt longue et rébarbative. Surtout dans Cyrano et surtout au premier acte. Il faut donc persévérer pour profiter pleinement de sa lecture. Mais la lecture en alexandrins est une richesse qui nous amènerait peut-être à parler ainsi au quotidien… Sauf que les conversations deviendraient alors difficiles, bien que ça paraisse couler de source dans la bouche du héros, nous imaginons le temps qu’il aura fallu à Edmond Rostand pour les écrire… Donc finalement non.
Et les autres pièces de théâtre alors ? Lire du théâtre n’est pas une activité de lecture en soi pour la plupart : les lecteurs de pièces du groupe lisent plutôt pour préparer une représentation. Certaines sont plus simples à lire que d’autres, plus ou moins contraignantes pour jouer, mais lire permet de préparer un rôle, le sien ou celui de quelqu’un d’autre… L’interprétation des acteurs donne alors toute sa valeur à la pièce et le jeu peut différer selon les troupes et donner à voir des pièces vraiment différentes. Le regard du metteur en scène prend alors toute son importance.
Ce qui nous amène d’ailleurs aux interprétations actuelles de « Roméo et Juliette » ou de l’opéra « Tristan et Iseult » dont les versions sont très enrobées pour le grand public alors que l’œuvre originale est plutôt noire. Aymé fait remarquer que le problème des œuvres très connues, c’est que les spectateurs connaissant la fin de l’histoire, la mise en scène est cruciale pour garder tout l’intérêt du texte.
Lire du théâtre est donc soumis à une double contrainte : s’approprier le texte et ensuite le mettre en scène pour capter l’attention du public. Le genre est très divers contrairement à ce qu’on pourrait penser et nos lecteurs lisent des œuvres différentes :
- des textes plutôt basés sur la nostalgie campagnarde pour nos acteurs de la troupe de Le Verger, Tristan et sa compagne : « La bonnetière de mémé » de Georges Mallet




- des textes politiques et sociaux pour Raphaël et Gaëlle : Valère Novarina ou Bernard-Marie Koltès pour Gaëlle ; Tchekov pour Raphaël (« Les trois sœurs » et « La Mouette », qui ont été repris au cinéma avec des interprétations très différentes de l’ambiance du livre), Emmanuel Roblès (Montserrat) ou encore Harold Pinter.
     



 


Certains textes sont très contemporains : « D’un retournement l’autre » de Frédéric Lordon pose un regard acéré sur la crise financière, avec un dialogue entre les banquiers et la Présidence de la République. Gaëlle nous a également présenté le travail de Loïc Choneau (auteur rennais) qui écrit et met en scène des pièces réalisées à partir d’entretiens : « Je te veux impeccable ! – une histoire de violences conjugales- » est en tournée dans l’ouest actuellement (les dates ici)


 


Le théâtre laisse transparaître l’environnement socio-politique de l’époque à  laquelle il a été écrit : même dans la fiction de la pièce, on retrouve la réalité.
Enfin, nos échanges autour du théâtre se terminent avec  les saynètes, mises en scène courtes et accessibles au plus grand nombre : Roland Dubillard et « Diablogues » dont le format très court permet un accès et une réflexion avec des jeunes : extrait
Nous rappelons que l’Espace Jeunes de Le Verger propose cette année une activité théâtre le vendredi soir à 19h.
Ainsi se termine le compte-rendu de notre réunion mensuelle encore un peu long… Qu’il est difficile de faire des coupes dans nos échanges ! Cela  donne l’impression que nous avons été hyper sérieux tout au long de ce café littéraire… Alors pour modérer cette impression, voici quelques à-côtés que j’ai dû couper au montage :
- « Pourquoi le chat ronronne ? » … si vous voulez la réponse, demandez à Gaëlle, je suis sûre qu’elle l’a retenue
- « Pierre Bourdieu avait-il une famille ? » … là, c’est Raphaël qui cherche toujours la réponse, je crois…
- « et les anti-héros ? », on en reparlera avec François la prochaine fois…
- taffetas, liberty, et potager ont également eu une belle place !
- et je ne peux oublier le dialogue hallucinant de Delphine et Stéphane ou les vaines tentatives de Stéphane2 pour aider Raphaël à accéder aux notions scientifiques du genre humain…

Pour la prochaine séance, François, nous ayant rejoint en fin de réunion, a émis le souhait de travailler sur l’Enfance dans la littérature. Ce sera donc le prochain thème, assez transversal qui devrait nous apporter une belle diversité d’ouvrages. Alors si vous souhaitez vous joindre à nous, n’hésitez pas : ce sera le vendredi 6 novembre. A 20 heures, hein, Gaëlle ?

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